1996 / 1999 • Transmission

Écoles d’art

Anissa Asselah s’était exilée à Paris après l’assassinat de son mari Ahmed et de leur fils Rabah devant l’école des Beaux-Arts d’Alger le 5 mars 1994. L’ami Pascal Bouchet réagit à cet événement tragique en réalisant un projet de tombeau pour le père et le fils. Quelques temps après ce fut la rencontre d’Anissa, accueillie par la Compagnie du Hasard à Blois.

J’enseignais depuis peu dans une ancienne école des Beaux-Arts devenue Institut d’Arts Visuels. Gérard Beaudoin son directeur me proposa de mettre en œuvre une exposition de photographies. Plutôt que montrer un travail existant je réalisais deux séries de portraits. La première était constituée des étudiants et professeurs exilés d’Algérie, la seconde avec mes propres étudiants.

Texte accompagnant les photographies durant l’exposition

Chaque mardi soir après avoir passé la journée à l’I.A.V. je pense souvent à tout ce que j’ai entendu. Tout ce que je n’ai pas dit.
Devant l’incertitude de l’avenir exprimée par quelques étudiants. Incertitude teintée de dérision ou d’enthousiasme ? Les murs de l’école ont alors une apparence de « refuge ». Le reste de la semaine je me nourris d’une certaine perception de monde ! J’utilise des morceaux de temps à penser au récit que me fit Anissa Asselah il y a quelques mois. L’assassinat de son mari Ahmed, de leur fils Rabah, de son propre exil à Paris. Celui d’étudiants, professeurs, écrivains, journalistes…

Puis je vagabonde dans mon histoire et se mélangent au fond de moi des mots, des images, une impossible mémoire.
Je me souviens d’une salle des fêtes située au milieu du Campo-Santo. À l’époque où j’étais étudiant à l’école des beaux-arts d’Orléans. Cette salle des fêtes fut un point d’arrivée pour les réfugiés de la guerre d’Espagne en 1936.
Je n’aurai toujours que le loisir de penser au point de départ, à ce point de départ, à ce point de non-retour d’où est parti mon père quelque part en Espagne.

Le luxe de mon quotidien est d’utiliser du temps à superposer toutes ces pensées pour n’y voir que des paysages à travers les visages connus ou inconnus. Je ne peux que tenter de témoigner de l’existence de ceux qui font l’objet de mes pensées sans faire le reportage d’aucun événement.

Galerie de l’I.A.V. à Orléans


Silence


Pères et fils

Hommage à Ahmed et Rabah Asselah.
Une série de cinquante portraits de pères et fils anonymes photographiés dans les rues de Paris en février 1998.
Ahmed et Rabah assassinés par un commando de terroristes le matin du 5 mars 1994 en arrivant dans leur école.
Présentation de ces portraits sous forme de photocopies plastifiées sur le pont des Arts à Paris le 5 mars 1998.

Exposition :
-Théâtre des provinces du monde à Blois en janvier 1999.
-E.N.S.B.A. d’Alger en mars 1999.
-Institut d’Arts Visuels d’Orléans en septembre, octobre 1999
dans le cadre du Forum des droits de l’homme.
Les prises de vues ont été réalisées avec le soutien financier de : l’ASSOCIATION DES AMIS DE LA FONDATION ASSELAH. L’exposition des tirages originaux a été produite par l’ASSOCIATION CHANTIERS avec l’aide de la ville d’ORLÉANS, de l’ABC, (Association Blésoise pour la Culture) et de l’AFAA,(Association française pour l’action artistique).


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